Le vin sans alcool en Suisse : une tendance plein essor

La demande pour le vin sans alcool est en hausse, en particulier pendant le Dry January. Cependant, le coût élevé de production reste un obstacle pour les vigneronnes et vignerons suisses.
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Tuesday 14 Jan 2025 Connaissances du vin

Janvier est arrivé, et avec lui le "Dry January" : une période où beaucoup choisissent de ne pas consommer d'alcool. Cette tendance ne se limite plus à un seul mois de l'année. De plus en plus de Suisses optent pour des alternatives sans alcool pour diverses raisons.

En conséquence, de nouvelles boissons sans alcool apparaissent en permanence sur le marché. Qu'il s'agisse de vin blanc, rouge, rosé ou pétillant, toutes les variétés de vin sont désormais disponibles en version sans alcool.

Qu'est-ce que le vin sans alcool ?

Le vin sans alcool est produit à partir de vin ordinaire dont l'alcool a été retiré par un procédé doux. Deux méthodes principales sont couramment utilisées pour préserver au maximum le goût et les arômes du vin.

La distillation sous vide consiste à chauffer le vin à 30-35 degrés Celsius afin que l'alcool s'évapore. L'osmose inverse, quant à elle, fait passer le vin à travers des filtres spéciaux qui retiennent l'alcool. Ces deux méthodes nécessitent des équipements de production spécifiques.

Un reproche souvent formulé à l'égard du vin sans alcool est qu'il ne peut égaler le goût de ses équivalents alcoolisés. En effet, il est difficile de reproduire entièrement la complexité aromatique d'un vin sans alcool, car l'alcool est un important vecteur d'arômes.

Le directeur de Mauler s'attend à une hausse de la demande

Le vin sans alcool est un sujet au cœur des préoccupations de plusieurs entreprises, comme la maison Mauler à Môtiers (NE). Fondé en 1829, ce domaine viticole est spécialisé dans les vins mousseux. « Actuellement, nous nous intéressons beaucoup au vin sans alcool », explique le directeur Caleb Grob.

Jusqu'à présent, l'entreprise propose sous la ligne Cadet Mauler différents jus de raisin sans alcool, gazéifiés. Cependant, la possibilité d'ajouter de "vrais" vins à cette gamme, désalcoolisés en dernière étape de production, est à l'étude.

En tant que producteur de vins mousseux, cette option est particulièrement intéressante selon Caleb Grob. Grâce aux bulles, il est plus facile de créer un produit sans alcool mais néanmoins savoureux, par rapport à un vin rouge par exemple. Le directeur de Mauler est convaincu que le marché du vin sans alcool en Suisse va continuer à se développer. La demande est clairement là.

Mais les coûts représentent un défi : « Il s'agit d'un produit cher : il faut d'abord faire du vin normal et ensuite en retirer l'alcool », explique Grob. Or, rares sont les clients qui sont prêts à payer plus cher pour un vin sans alcool que pour un vin avec alcool.

Un premier centre suisse de désalcoolisation en projet

De plus, la Suisse ne dispose actuellement presque pas d'installations de production permettant de désalcooliser le vin. L'un des rares produits existants s'appelle "ZERO" et est commercialisé depuis décembre 2024. Il résulte d'une collaboration entre le domaine vaudois  J. & M. Dizerens à Lutry, l'œnologue Alexandre Moren de la société Oeno-Tech à Vétroz et Jean-Daniel Varone.

Un autre projet est porté par la startup La Vigneronne: elle prévoit de créer le premier centre suisse de désalcoolisation à Perroy (VD). Cette installation devrait à terme être accessible à tous les vignerons suisses intéressés. Le projet est encore à la recherche de financements.

Parallèlement, La Vigneronne a annoncé le développement du premier rosé sans alcool certifié IP-Suisse. Sa commercialisation est prévue pour mars 2025. Ces développements montrent que l'offre de vins suisses sans alcool va certainement s'élargir cette année.

Suisse. Naturellement.